Cadre & pratique de la neuropsychologie clinique
Un petit point info’ sur le domaine proposé par Lucas Ronat, étudiant en Master 2 de neuropsychologie clinique à Angers et stagiaire au service de neurologie générale & vasculaire au CHU d'Amiens.
En guise d’introduction à la discipline, je vous propose un premier article dévoilant quelques points nécessaires à la compréhension de ce que sont la psychologie clinique et la neuropsychologie.
Ces points ne sont pas exhaustifs mais ils ont pour but de vous informer sur la pratique et l’étendue des connaissances impliquées dans leur mise en œuvre et développement. En vous souhaitant une bonne lecture.
La psychologie clinique
Un domaine bien connu…
La psychologie clinique est en partie identique à la représentation communément partagée de la psychologie, dans le sens où il s’agit de la branche de la psychologie qui participe à la prise en charge des patients (atteints de pathologie, troubles divers) ou encore de personnes en souffrance psychique. Elle est bien souvent confondue avec la psychanalyse et considérée comme similaire à la psychopathologie. En effet, pour les étudiants ainsi que pour certains professionnels, ces disciplines sont difficiles à distinguer. Pour faire une brève récapitulation, disons simplement que la psychologie clinique se décline en différentes voies :
- la psychopathologie
- la psychothérapie
- la psychologie de la santé
- la neuropsychologie
Ces voies peuvent aussi se diviser ; par exemple la psychothérapie peut être analytique, ou plus largement psychodynamique, cognitivo-comportementale ou systémique.
Qui inclut la neuropsychologie.
Ainsi retenez que la neuropsychologie est une discipline clinique et non une discipline à part entière. Cependant, elle n’est pas propre à la psychologie ; il y a des neurologues ou encore des orthophonistes spécialisés en neuropsychologie. L’approche de base n’est cependant pas la même.
Le but de cette discipline est d’étudier les fonctions mentales au travers de dysfonctionnements cérébraux, lésionnels ou fonctionnels. Nous pourrions considérer que la neuropsychologie est à la neurologie ce que la psychopathologie est à la psychiatrie. Cependant ce n’est pas si simple que ça puisque l’essor de la neuropsychologie touche maintenant la psychiatrie et la psychopathologie. On parle même de neuropsychopathologie.
Une approche organique de la psychologie
En psychopathologie, les professionnels ont souvent tendance à négliger l’approche cérébrale dans la compréhension des troubles psychiatriques et neurologiques. N’oubliez pas que les dires du patient dépendent de son fonctionnement mental, qui lui-même est dépendant du fonctionnement cérébral. Ce fonctionnement peut être perturbé par des lésions anatomiques, des anomalies génétiques, de neurotransmission, ou des traitements médicamenteux.
Pour vous donner un exemple simple, un patient qui ne parle pas, peut ne pas parler pour diverses raisons ; il n’en a pas envie, il ne peut pas pour raisons neurologiques (maladie d’Alzheimer, trouble du langage, démence autres), pour des raisons neurodéveloppementales (autisme, dysphasie…), ou à cause d’un traitement qui affecte ses facultés. Il est donc nécessaire de ne pas se focaliser sur le pourquoi psychique des symptômes des patients.
La pratique en neuropsychologie clinique
Des connaissances dans de nombreux domaines
Pour en revenir plus précisément à la pratique de la neuropsychologie en psychologie clinique, il est nécessaire de développer de bonnes connaissances en psychologie clinique (nan c’est vrai ?), en neurosciences, en psychopathologie et en psychologie cognitive. Pourquoi tant de disciplines nécessaires ? Le psychologue clinicien spécialisé en neuropsychologie participe à l’aide au diagnostic, à l’évaluation cognitive et à la rééducation de patients très variés. Pour lui, il est nécessaire de connaitre la structure du cerveau, ainsi que ses fonctions, leurs localisations et les effets des lésions cérébrales sur le fonctionnement mental. Ces nécessités s’étendent jusqu’à la connaissance de notions de psychopharmacologie, permettant de tenir compte des effets des traitements sur la prise en charge et le quotidien du patient (par exemple ; le Lorazépam, un anxiolytique pouvant générer une altération de la mémoire et de la concentration).
Autant dire qu’aucune notion liée de près ou de loin au cerveau, ou plus largement au système nerveux, ne doit être négligée.
Les outils du psychologue clinicien spécialisé en neuropsychologie
Concernant la pratique en elle-même, elle tourne beaucoup autour de l’entretien clinique, outil incontournable de tout clinicien, qui permet de poser le contexte de l’apparition, de l’évolution et de l’évaluation des troubles le jour de la consultation. Malgré cela, ce que beaucoup retiennent de la neuropsychologie est la phase de passation de tests cognitifs pour évaluer les fonctions mentales comme la mémoire, l’attention, le langage, l’intelligence…etc.
Cependant cette évaluation n’est que secondaire à l’entretien et est dépourvue d’interprétation et de sens sans lui. Tout dépend des lieux de pratique, l’évaluation neuropsychologique peut paraître redondante, ennuyeuse et/ou lassante, c’est en partie ce qui déterminera si cette pratique est faite pour vous ou non. L’avantage de cette spécialité est selon moi la variété des pathologies rencontrées, et la diversité des lieux de pratique. Pour ne citer que les hôpitaux, le psychologue clinicien spécialisé en neuropsychologie peut être amené à intervenir au sein des services de psychiatrie, de pédiatrie, de neurologie, de rééducation, neurochirurgie, neuro-oncologie…
Il y a énormément à en dire, c’est pourquoi d’autres articles à venir traiteront des points cités ci-dessus en les approfondissant. Toute remarque/question/critique est la bienvenue, c’est pourquoi je vous demande de ne pas hésiter à me faire part de toutes vos pensées.